Depuis son apparition, la mouvance DevOps a bien évolué. Les pratiques et outils qui s’y rattachent sont plus matures, et les succès obtenus par différentes organisations prouvent que l’on a largement dépassé le stade du buzz. A l’heure de la transformation numérique, de plus en plus d’entreprises adoptent la démarche DevOps pour fluidifier l’évolution de leur système d’exploitation et répondre plus rapidement aux besoins métiers. Si les experts s’accordent pour dire que demain sera DevOps, quelles sont les principales tendances et perspectives d’évolution pour 2019 ?
Aujourd’hui identifié comme une véritable culture, le mouvement DevOps favorise la collaboration et l’automatisation au sein de l’industrie IT.
L’adoption de pratiques consistant à faire converger équipes de développement et d’exploitation est en constante augmentation. C’est aujourd’hui l’approche de référence pour le développement d’applications basées sur le Cloud
DevOps pour l’infrastructure, architecture microservices, le règne de Kubernetes ou encore l’apport des technologies d’intelligence artificielle, IDEAL CONCEPTION fait pour vous le tour des perspectives d’évolution du mouvement DevOps pour l’année à venir.
1. Des pipelines d’intégration continue aux chaînes de montage DevOps
De nombreux outils DevOps permettent l’automatisation d’une tâche en particulier. Pour autant, leur utilisation résulte souvent en un processus de développement logiciel fragmenté et discontinu. Le concept de chaîne de montage vise à connecter ces outils les uns aux autres, pour un workflow continu de bout en bout.
L’industrie automobile est passée par une évolution similaire. De voitures hautement personnalisées et assemblées manuellement, on est passé à une production automatisée de certaines pièces, toujours assemblées manuellement, pour arriver par la suite à des chaînes de montage entièrement automatisées.
Une approche semblable peut (et doit ?) être envisagée pour le développement et déploiement de logiciels en mode DevOps : on parle d’Assembly Lines (chaînes de montage en anglais).
2. L’automatisation reste la clé
Dans un contexte DevOps, on parle beaucoup d’automatisation. Tout automatiser est le but ultime, encore faut-il que cela soit possible. L’essentiel en 2019 va être de bien comprendre les 6 Cs du cycle Devops, et de s’assurer d’une automatisation entre ces différentes étapes :
Le cycle en C du DevOps : planification business continue, développement collaboratif, test en continu, livraison et déploiement continus, surveillance continue, retour client collaboratif et optimisation.
3. Un testeur sachant tester sans son code est un bon testeur ?
La demande pour des testeurs et testeuses informatiques qui savent coder et automatiser des scripts risque d’augmenter. C’est en tous cas la tendance outre-Atlantique. Si le test est votre spécialité et que vous vous demandez si apprendre à coder va valoir le coup, ne vous demandez plus. Dans une démarche DevOps, savoir utiliser les principaux outils va devenir vital.
Le test manuel, trop chronophage, risque de largement diminuer en 2019. On attend désormais des professionnels du test qu’ils sachent automatiser leurs scripts : l’automatisation dans le test augmente non seulement l’efficacité mais permet également de livrer des fonctionnalités bien plus rapidement.
4. Une adoption croissante de l’architecture microservices
DevOps et les microservices vont aujourd’hui de pair. Les pratiques qui découlent de ces deux tendances de l’informatique sont conçues pour offrir plus d’Agilité et d’efficacité opérationnelle à l’entreprise.
Les microservices apportent un surplus de productivité au DevOps, via un ensemble d’outils commun. Utilisés à la fois pour le développement et les opérations, ces outils induisent une terminologie commune, ainsi que des processus similaires pour les exigences, les dépendances et la résolution de problèmes. Cela facilite un peu plus la collaboration entre devs et ops : DevOps et microservices fonctionnent mieux lorsqu’ils sont appliqués ensemble.
L’architecture microservices devrait donc être de plus en plus adoptée, dans une optique d’augmentation des runtimes et de l’efficacité des livraisons.
Il est important de savoir ce qu’apportera une architecture microservices à votre système d’information avant de l’adopter (plutôt que de le faire car tout le monde le fait…) : cet article du blog Octo vous aidera à y voir plus clair.
5. Au-delà du développement logiciel, DevOps pour l’infrastructure
Une autre tendance DevOps pour 2019 devrait être la généralisation des pratiques à l’échelle de l’entreprise. A l’image de l’adoption des méthodes Agiles, beaucoup d’organisations ont d’abord expérimenté DevOps sur de petits projets ou départements.
Dans une étude de McKinsey de 2017, 80% des personnes interrogées déclaraient avoir implémenté des pratiques DevOps au sein de leur organisation. 53% se voyaient appliquer ces pratiques de manière généralisée d’ici 2020, contre 37% qui le faisaient déjà au moment de l’enquête.
Les bénéfices du DevOps sont donc reconnus mais leur implémentation reste encore marginale. Le défi en 2019, pour une grande partie des organisations va être d’étendre l’approche sur l’ensemble de la chaîne de valeur informatique. Revoir le mode de fonctionnement de l’infrastructure entière devrait permettre de fournir des services plus rapidement.
6. La domination de Kubernetes
L’expansion du DevOps s’accompagne d’une augmentation de la taille et de la complexité des clusters de conteneurs. L’utilisation d’un outil d’orchestration est devenue indispensable pour déployer et gérer ces clusters, et Kubernetes domine (outrageusement) le marché.
Fort d’une communauté très active, l’outil open source devrait encore gagner en popularité sur 2019.
Ci-dessus un graphique montrant l’intérêt (nombre de questions posées) des développeurs pour Kubernetes, sur la plateforme StackOverflow. Ses principaux concurrents, Docker Swarm, Apache Mesos, Rancher ou Nomad se font de plus en plus petits…
7. DevSecOps : intégrer la sécurité dans les pratiques
Elle a longtemps été mise de côté, mais la sécurité devrait finalement trouver la place qui lui revient dans le mouvement DevOps. L’augmentation des failles de sécurité montrent que les menaces se diversifient et peuvent survenir à n’importe quelle étape du cycle de développement d’applications.
Au lieu de la considérer comme une contrainte de conception, la tendance DevSecOps réconcilie la sécurité avec les besoins IT et métiers. L’intégrer dès le début et tout au long du cycle de production permet ainsi de réduire les vulnérabilités et de générer du code sans erreur plus rapidement.
Le concept de DevSecOps a été formalisé par le Gartner dès 2012, mais tarde à entrer dans les mœurs. Les coûts d’une négligence en la matière se faisant de plus en plus conséquents, la sécurité devrait faire son entrée dans l’approche DevOps pour de bon en 2019.
8. Intelligence artificielle et Machine Learning vont favoriser la croissance DevOps
Pour finir, DevOps n’échappera pas à la vague IA (Intelligence Artificielle). Les processus de développement logiciel sont appelés à changer, de l’intégration au test en passant par la sécurité et le déploiement.
L’automatisation des tâches étant le cœur de la culture DevOps, l’intelligence artificielle et les algorithmes d’apprentissage automatique semblent être de parfaits candidats pour l’intégrer. Capables de traiter de larges quantités d’informations et d’effectuer des tâches rébarbatives, Machine et Deep Learning devraient faciliter la vie des ingénieurs DevOps.
A tel point qu’un nouveau buzz word pourrait faire son apparition : l’AIOps. Affaire à suivre.
Nous n’avons donc pas fini d’entendre parler de DevOps. Le mouvement devrait encore prendre de l’ampleur en 2019. Si les technologies semblent être arrivées à maturité, les pratiques mises en œuvre par les entreprises vont encore évoluer, pour tendre vers une généralisation du mouvement sur toute la chaîne de valeur IT. Agilité, adaptabilité, collaboration et automatisation sont les mots d’ordre, et DevOps apparaît comme le modèle idéal pour implémenter ces concepts.
Encore faut-il trouver les humains pour y parvenir. La formation devrait une fois de plus jouer un rôle clé dans cette énième sinuosité de la transformation numérique.